Dans son dernier billet pour Les Échos, Muriel Jasor revient sur les « bonnes raisons » qui bloquent les projets de transformation. Elle souligne l’importance de ne pas uniquement mobiliser des explications rationnelles pour favoriser leur acceptabilité.
Dans son ouvrage Pouvoir politique et autorité militaire paru l’année dernière chez VA Editions, Antoine Maire a étudié la réforme de la gouvernance du ministère des Armées. Il avait notamment ciblé la manière dont une réforme politique se traduisait concrètement au niveau organisationnel, dans ce cas avec la création de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS).
Il en tirait trois enseignements principaux :
- tout processus de réforme doit se baser sur une forme d’acceptabilité sociale pour être réellement efficace. Cette acceptabilité peut se produire par un processus de consultation des différentes parties prenantes, mais également par un travail d’objectivation du constat qui doit permettre de faire apparaître la réforme comme inévitable et surtout comme nécessaire ;
- la mise en place d’une réforme organisationnelle s’apparente à un processus continu d’apprentissage et de réduction de l’incertitude pour les différents acteurs concernés. Ce processus n’est pas nécessairement piloté par les acteurs à l’initiative de la réforme, mais il conditionne in fine son application concrète. C’est en particulier le cas pour les « petits acteurs », les agents de terrain, qui sont amenés à faire vivre la réforme au quotidien ;
- toute réforme se traduit par un processus de négociation, Il ne se limite pas au seul moment de la décision, mais se poursuit au-delà, dans l’ensemble des phases de déclinaison concrète jusqu’au travail quotidien des agents.
Pour renforcer l’acceptabilité d’un projet de transformation, donc pour lever les résistances au changement, il convient donc de le réinscrire pleinement dans la réalité politique et humaine de l’organisation pour comprendre a priori cette réalité et en saisir finement toute la complexité.
Cela suppose de dépasser les seules analyses fonctionnelles pour adopter une approche plus qualitative qui permettent de caractériser les représentations des acteurs, les stratégies qu’ils déploient, les difficultés auxquelles ils font face, etc. Les sciences sociales ont ici un rôle décisif à jouer.
Vous souhaitez en savoir plus ou engager un processus de transformation, échangeons sur le sujet ! C’est un des axes forts sur lequel nous travaillons chez SELDON Conseil.
Pour aller plus loin :
- Le Journal de l’Economie, 01/12/2022, « Comment mener une réforme organisationnelle« .
- Antoine Maire, 2022, Pouvoir politique et autorité militaire, VA Editions.